Les éditions Ousia

Essais philosophiques

La complexité de la Franc-Maçonnerie

Approche historique et philosophique

28 €, 2018, 580p., ISBN : 978-2-87060-183-9

pTant les historiens que les philosophes ont négligé la contribution de la franc-maçonnerie dans le développement de la modernité, alors que parmi les acteurs de l’histoire politique et culturelle, nombreux furent franc-maçons. Ce manque est dû aussi aux francs-maçons eux-même qui interprètent la naissance de la franc-maçonnerie spéculative par la transformation de la maçonnerie opérative. Or, les études depuis 1960 ont modifié cette démarche en tenant compte du contexte politico-religieux des conflits en Europe. L’auteur approfondit cette perspective et montre que la naissance de la franc-maçonnerie spéculative date, non pas de 1717, ni même de 1688 avec l’exil de Jacques II en France après la Glorieuse Révolution, mais des années 1603 lorsque Jacques I, initié maçon, est devenu roi d’Écosse et d’Angleterre dans un contexte de promotion de la littérature, des arts, de l’architecture et des sciences qui inauguraient les Lumières anglo-écossaises. La franc-maçonnerie spéculative promut l’idée qu’il fallait dépasser les conflits en excédant les habitudes passées au profit de nouvelles attitudes morales, animées par le rapprochement de personnes ayant des métiers, opinions et des croyances différentes. Elle s’exprima par une méthode de travail, accompagnée de rites et de divertissements, origine des rituels et des banquets maçonniques. Inspirée par la figure de Salomon, symbole de justice, et l’édification du Temple de l’humanité (symbole des métiers de construction), cette méthode, fondée sur l’initiation et le secret, s’écarta de la pratique des sacrements et de la liturgie ecclésiastique. Elle eut des destinées variées à cause de la réalité géo-politique et religieuse troublée en Europe et en Amérique qui favorisa certes son expansion par d’innombrables bifurcations, mais qui alimenta aussi un antimaçonnisme permanent à partir de 1738. C’est cette complexité contextuelle que ce livre s’efforce d’élucider pour faire voir que l’idéal maçonnique d’un « Centre d’Union » inscrit dans les Constitutions d’Anderson (1723), se heurte encore à la perpétuation des anciennes habitudes conflictuelles, en dépit de l’apport de la franc-maçonnerie en faveur de la liberté, de l’égalité et des valeurs de progrès et de philanthropie.